Bonheur de la méditation, de Yongey Mingyour Rinpotché, est l’un des premiers livres que j’ai lus, sur la voie du changement 🙂 C’est aussi le livre qui m’a fait découvrir le bouddhisme et la méditation. Le gros plus de ce livre: le rapprochement permanent entre la théorie bouddhiste et la science. Il s’agit vraiment d’un livre à l’usage des occidentaux sceptiques et rationnels écrit par un jeune moine tibétain très pédagogue. Il est limpide et très très inspirant!!
Bouddhisme au quotidien de Nathalie Chassériau était plutôt un guide d’application des principes du bouddhisme dans notre quotidien. Bonheur de la méditation de Yongey Mingyour Rinpotché est un manuel de compréhension du bouddhisme et de la méditation, avec un éclairage scientifique.
Qui est Yongey Mingyour Rinpotché?
Lorsque j’ai lu ce livre, j’ai été tout de suite marquée par la grande sagesse de son auteur… que j’imaginais très vieux, très expérimenté par une vie de pratique. En fait, j’ai été surprise de découvrir que ce moine tibétain qui me parlait si bien avait juste mon âge 🙂
La richesse du monde et de ses habitants…!
Ce qui m’a gênée dans Bonheur de la méditation
La première partie du livre est consacrée aux fondements du bouddhisme. Son langage est clair, mais j’ai trouvé les concepts compliqués, moi qui ai des difficultés à raisonner sur des concepts trop abstraits… Et oui que voulez-vous, j’aime le concret, le pratique!
Les 10 enseignements à retenir qui vont changer votre vie (tout comme ils m’ont permis de changer la mienne)
1er enseignement: nous pouvons scientifiquement changer. En créant de nouvelles habitudes, qui remplaceront les anciennes.
L’auteur nous explique que dans le cerveau, les messages sont conduits par les neurones: or, ces neurones sont plastiques, de nouvelles habitudes renforcent les connexions entre neurones, ou au contraire les diminuent. Si on change nos habitudes consciemment, de nouvelles connexions se mettront en place, et même sans y penser par la suite, de nouvelles réactions spontanées apparaîtront.
2ème enseignement: l’esprit est le chef d’orchestre de notre être, il est la capacité de reconnaître ce que nous vivons, au-dessus des pensées, des émotions.
Le cerveau est composé de trois « cerveaux » (reptilien qui régularise les fonctions de base, limbique chargé des émotions et de leur associer un contexte, néocortex qui analyse et comprend): il manque à cet ensemble un chef d’orchestre. Qui coordonne? Qui contrôle l’ensemble, qui décide des orientations? Pour les bouddhistes, il s’agit de l’esprit qui est la capacité de reconnaître ce que nous vivons, au-delà de l’activité des trois cerveaux, c’est-à-dire au-delà des pensées, émotions. La thérapie act d’acceptation et d’engagement, les méthodes pour gérer son stress, la pleine conscience s’appuient exactement sur le même fondement.
3ème enseignement: la clé c’est la méditation, qui consiste à rester dans la clarté de l’esprit, et voir les pensées, émotions, sensations défiler, sans se les approprier.
Nous ne savons pas reconnaître notre esprit (ou conscience pourrait-on dire) car il est masqué perpétuellement par l’activité de nos cerveaux: pensées, émotions, perceptions qui créent une image erronée de notre moi. En réalité nous ne sommes pas ce que le cerveau produit, cela n’est que relatif, seul l’esprit est stable. Yongey Mingyour Rinpotché emprunte souvent l’image de la pépite recouverte de boue.
Nous pouvons être ce que nous voulons. Notre esprit est clair, et en paix, il suffit de le reconnaître tel qu’il est.
Voilà pour moi tout le problème: l’exercice paraît simple, mais est d’une grande complexité. Malgré tous mes efforts, je m’y perds… je suis entraînée à la moindre pensée, ou bien je les force pour pouvoir les contrôler et ne pas me laisser prendre… Un seul mot d’ordre: la pratique! |
Essayez par exemple ces jeux pour méditer, ou ces astuces si vous ne savez pas quand méditer. Vous pouvez également tester ces 8 exercices de pleine conscience pour vous exercer à focaliser votre attention.
4ème enseignement: tout ce que nous prenons pour réel est relatif, la seule réalité absolue est la nature claire de l’esprit.
L’auteur aborde alors ce qui d’après moi est la notion la plus difficile à saisir: la vacuité. Elle revient à reconnaître qu’il y a deux réalités: une relative, et une absolue. Est relatif tout ce qui change, est affecté par le temps et les circonstances, et peut être réduit à quelque chose de plus petit. Partant de cette définition, tout ce que nous prenons pour réel est relativement réel: notre définition du moi (pensées, émotions, corps, perceptions: tout change), les biens qui nous entourent, notre environnement. C’est dans ces explications théoriques (mais passionnantes!) que figure la principale différence avec Bouddhisme au quotidien de Nathalie Chassériau, ici nous sommes dans la théorie bouddhiste pure!
La seule réalité absolue est la nature claire de l’esprit. Et malgré les tentatives de l’auteur de dresser un comparatif avec la physique quantique qui a démontré qu’au niveau le plus petit d’observation de la matière, les repères habituels changent, les pistes se brouillent, j’avoue que j’ai atteint à cet endroit mes limites intellectuelles!!
En revanche, il est accessible de comprendre que le cerveau joue un rôle important dans notre perception, et qu’il y a un écart entre l’objet et l’image que nous nous faisons de l’objet (le cerveau associe un contexte et des jugements à chaque chose): ce que nous percevons n’est donc pas la réalité. La perception de l’objet n’est donc pas différente de l’esprit qui perçoit.
C’est ici que ce koan prend tout son sens « l’arbre qui tombe la nuit dans une forêt déserte fait-il du bruit? »
5ème enseignement: le temps n’existe pas.
A ce niveau là, je me dis que pour être un bon moine bouddhiste, il faut être philosophe et brillant, vous ne trouvez pas?! En tous cas, si vous êtes encore présente à ce niveau de lecture, je vous félicite, et vous promets un petit cadeau en fin de page, c’est bien mérité 🙂
Le temps n’existe pas vraiment, parce que le passé n’existe plus. Il n’est qu’une pensée. Le futur n’existe pas encore, il n’est qu’une pensée. Qu’est le présent? Une seconde? Un millième de seconde? Il passe avant même de le dire. L’auteur dresse le parallèle avec l’observation de la matière à un niveau extrêmement fin, plus l’élément est petit, moins sa structure est claire. Avec le temps c’est pareil: le présent n’existe pas vraiment, le temps n’est donc qu’une pensée, entre passé et futur. Et une pensée n’a qu’une réalité relative.
6ème enseignement: le Moi n’existe pas
Il ne s’agit pas ici, vous l’avez compris, de s’inspirer de quelques principes pour son quotidien, Bonheur de la méditation de Yongey Mingyour Rinpotché propose plutôt un changement radical de sa conception de la vie 🙂
De la même façon, cela découle de la vacuité, le moi n’existe pas. Car ce que nous appelons moi est un agrégat de plusieurs choses, le corps lui-même est composé de multiples éléments, et pour aucun on ne peut dire qu’il est le moi. D’autre part, le corps évolue continuellement: on vieillit d’abord. Mais aussi, à un niveau plus fin et moins perceptible, chaque jour des cellules naissent et meurent, le changement est donc perpétuel.
7ème enseignement: la 1ère clé c’est la pratique de la méditation
D’où le titre « bonheur de la méditation » 🙂
Voilà la solution à toute chose: constater la présence de l’esprit naturel commun à tous les êtres, c’est la clé du bonheur.
Pratiquer la méditation permet de jouir de nos perceptions, pensées, sensations, sans y prendre une part active (comme dans un rêve, conserver un détachement par rapport à ce qui habituellement nous emporte). Admettre que tout ce qu’on vit est le résultat de nos projections et n’a pas la solidité qu’on croit.
8ème enseignement: la 2ème clé c’est la compassion
Il faut aimer les autres sans attachement excessif car nous sommes tous identiques, nous voulons être heureux et ne pas souffrir. La compassion est notre qualité à aimer tous les êtres sans attachement. Or nous sommes naturellement compatissants.
Reconnaissons aussi que tous les conflits proviennent d’une incompréhension des motivations de l’autre. Or, les motivations de l’autre sont les mêmes que les nôtres: être heureux, ne pas souffrir.
D’autre part, même d’un point de vue égoïste, exclure certains êtres du bonheur revient à s’exclure soi-même. Pour être vraiment heureux, il faut être heureux pour les autres. C’est l’image du filet d’Indra… nous sommes tous interdépendants, chacun reflète un petit morceau des autres. Se changer, c’est changer les autres, il y a une telle dépendance entre nous et les autres que nous ne pouvons pas pour être heureux ne pas être heureux pour eux. Mettez plus d’amour dans votre quotidien!
9ème enseignement: nous ne sommes pas heureux parce que…
L’auteur se pose alors une question tout à fait pertinente, que l’on aurait tous du se poser: si l’esprit naturel est en chacun, pourquoi ne sommes-nous pas heureux, spontanément? Pourquoi souffrons-nous? Pourquoi je lis (et quand je vois les rayons consacrés au développement personnel et aux sagesses chinoises et autres, j’en déduis que je suis loin d’être la seule..) tous ces ouvrages et tente d’en faire une synthèse pour améliorer mon existence?
Parce que nos sociétés nous ont fait perdre le lien: abondance d’objets matériels, de distractions, soif d’argent, de pouvoir, de réussite, consommation, publicité nous proposent des voies erronées. Nous croyons en ce qu’on nous apprend, mais notre conditionnement est mauvais. On nous dit que pour être heureux, il faut avoir tel bien, partir à tel endroit, gagner plus d’argent, changer de ville ou de travail. Au fond, nous ne savons plus où est le bonheur. De plus en plus de gens le sentent et se tournent vers des voies d’amélioration, d’autres fuient la souffrance et se tournent vers drogues et distractions. Nous sommes un peu perdus, tous à la recherche d’un mieux. Et ainsi passent nos vies.
10ème enseignement: comment connaître le bonheur de la méditation? Le mode d’emploi!
- La voie royale: la méditation sans objet!
Il s’agit d’utiliser l’esprit pour connaitre l’esprit, de rester conscient de tous les phénomènes que l’esprit crée, sans y prendre part. Bref, de focaliser son attention sur tout ce qui nous passe par la tête, sans se laisser entraîner, ou en ramenant l’esprit dès qu’il y a une distraction.
Pour cela, adoptez une posture confortable mais droite pour rester attentive et ne pas vous assoupir. Si c’est trop difficile, utilisez vos perceptions dans un premier temps, ou votre respiration, pour focaliser votre attention. Puis élargissez-la aux pensées, émotions et sensations qui vous traversent 🙂
Si c’est trop difficile (comme pour moi!), essayez par exemple ces jeux pour méditer, ou ces astuces si vous ne savez pas quand méditer. Vous pouvez également tester ces 8 exercices de pleine conscience pour vous exercer à focaliser votre attention.
Petite remarque que je mets à ce niveau: les techniques de détente mentale sont les mêmes pour accéder à un état « supérieur » de clarté dans la théorie bouddhiste, que les exercices de relaxation pure.
La différence provient du fait que dans la théorie bouddhiste, cette détente est un simple tremplin vers la compréhension de la réalité (tout ce qu’on prend pour réel est relatif, la seule réalité est la nature claire de l’esprit que l’on partage avec tous les êtres).
- La méditation sur la compassion
Bien que l’expérience de la nature claire et indivisible entre tous de l’esprit soit en principe suffisante pour générer une compassion universelle, il existe des méditations spécifiques sur la compassion, qui m’ont semblé plus abordables, parce qu’il y a quelque chose sur quoi porter son attention.
- 1ère étape: se familiariser avec son désir de bonheur, reconnaître que les autres sont comme nous, méditer sur un être cher et imaginer qu’il souffre, développer le sentiment d’amour et de compassion très fort que cette pensée engendre et l’étendre aux autres inconnus et même personnes qu’on n’apprécie pas.
- 2éme étape: reconnaître que le bonheur des autres est plus important que mon bonheur. Inspirer la douleur et la souffrance des autres, la dissoudre en soi. Expirer son bonheur pour les autres.
L’image du nomade et de ses chaussures en cuir est très belle, elle montre que pour marcher (être heureux) on ne peut recouvrir le monde d’un tapis de cuir (changer les autres) mais mettre des chaussures en cuir suffit (envelopper son coeur de compassion et d’amour). |
Je souhaite de tout cœur vous avoir donnée envie de passer à la vitesse supérieure pour une vie plus zen et profondément heureuse avec cette chronique de « Bonheur de la méditation » de Yongey Mingyour Rinpotché, et ces 10 enseignements incroyables. Si vous souhaitez découvrir concrètement comment appliquer tout cela au quotidien, découvrez ma chronique du livre « bouddhisme au quotidien », de Nathalie Chassériau.
Connaissez-vous le bouddhisme? Trouvez-vous cette chronique accessible?!
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4 Responses
Très beau résumé Mylène, je te suis depuis tes débuts, un petit moment de douceur, en te lisant, ou en regardant tes vidéos. J’ai terminé cette année 2016 par une retraite de méditation de 10 jours, et dans le silence, qui me rappelle directement ces 10 enseignements.
Moi qui avait énormément de mal à mediter, je m’y étais mise tout récemment. Eh bien quand tu y passes 10 jours, plus de 10 heures, tu finis par y arriver, à être meilleur ou même très bon(ne) dans la pratique.
Je conseille cette retraite à toutes et à tous, au minimum une fois dans sa vie !
Pour la petite vidéo de présentation de celle que j’ai faite, c’est par ici :
http://www.mahi.dhamma.org/Vue-d-ensemble-d-un-cours-de-10-jours.4530.0.html?&L=2
En France, il existe 4 centres (2 aux alentours de la région parisienne, 1 dans le Centre, et 1 dans le Sud de la France), mais il en existe aussi en Europe et dans le monde !
Au plaisir de te lire Mylène ! Très bonne année 2017 et longue vie à ton blog en passe de devenir Professionnel, youhouuuu ! Tu vas attendre ton objectif 2017, j’en suis convaincue 😉
Merci beaucoup Gina pour ton témoignage qui me touche sincèrement! J’aimerais beaucoup également réaliser une telle retraite.. Je pense qu’on en apprend plus ainsi qu’en faisant tout le reste. et merci pour tes encouragements très chaleureux ♥♥
Bonjour Mylène,
C’est un article très intéressant ! D’habitude, je ne m’intéresse pas trop à la méditation en raison de soucis personnels que j’ai eus auparavant, mais là, je dois dire que la façon d’aborder le sujet est captivante. Merci pour le partage ! 🙂
Bonjour Mylène,
C’est un article très intéressant qui donne envie de lire le bouquin dont il s’inspire !
La méditation est un art pas assez mis en valeur dans notre société occidentale qui en aurait grandement besoin.
Je n’ai encore jamais testé la méditation mais j’y pense de plus en plus, les effets bénéfiques ne sont plus à démontrer et les témoignages de personnes qui méditent les confirment.
J’ai envie de tester les 5 jeux pour méditer au quotidien, d’ailleurs j’ai hâte de tester le troisième et de voir si nos sensations concordent ou pas…
Merci pour ce bel article et à bientôt