Le monde du travail, c’est un univers en soi, avec ses codes, ses règles et son fonctionnement particulier. Pour certains, travailler est une source d’épanouissement. Mais pour les hypersensibles, le rapport au travail peut être une réelle source de mal-être et d’angoisse. Je parlerai ici uniquement des emplois salariés, puisque cela concerne 87 % des travailleurs en France. Et qui dit salariat dit emploi stable, travail d’équipe, cadre structuré et collègues de bureau. En soi, rien d’effrayant n’est-ce pas ? Mais alors, pourquoi les hypersensibles souffrent-ils dans le monde du travail ?
Ce que je vais aborder aujourd’hui me tient particulièrement à cœur : pourquoi le système professionnel ne favorise pas le bien-être des salariés, en particulier des hypersensibles ? Pourquoi les aléas de la vie de bureau semblent vous toucher plus profondément que les autres ? Et qu’est-ce qui conduit certaines personnes ultra-sensibles à la tristesse, à l’anxiété, voire au burn-out ? Plongeons ensemble dans les dessous invisibles de la vie professionnelle des hypersensibles !
Les hypersensibles malheureux au travail : les dégâts d’une hiérarchie trop rigide
Comme dans toute organisation humaine (et animale), l’entreprise impose le respect d’une hiérarchie. Bien souvent, elle est organisée de façon pyramidale : on trouve au sommet le PDG ou le directeur, celui qui détient le pouvoir décisionnel et qui a le dernier mot. Et plus on descend dans cette organisation, moins les employés ont d’autonomie.
Par ailleurs, au sein d’une telle société, la communication est presque toujours descendante. Les chefs donnent les ordres, les équipes les exécutent. Si cela facilite la circulation de l’information et la mise en application des décisions, ça limite aussi la remontée des informations vers les échelons supérieurs. Ce type de fonctionnement pose d’emblée deux problèmes au salarié hypersensible.
Le leadership dépassé : un choc pour les hypersensibles
Les structures traditionnelles mettent souvent en avant le respect du statut au détriment des compétences. Je m’explique : dans certaines organisations, l’ancienneté prime. On fera progresser quelqu’un en fonction de son expérience et de sa loyauté envers la société. Le problème, c’est que ces personnes ne sont pas forcément les meilleures de leur secteur, ni formées ou qualifiées pour diriger une équipe.
C’est là que l’hypersensible risque de se heurter au « management à l’ancienne ». Cela vous est déjà peut-être arrivé : vous occupez un tout nouveau poste, vous êtes pleine de bonne volonté, mais vous vous retrouvez sous les ordres d’un chef tatillon et autoritaire. Le genre de chef plus axé sur l’obéissance que sur la collaboration. Vous voyez de quel profil je parle ?
Ce genre de management dit à la « papa » c’est-à-dire « tais-toi et obéis » était autrefois la norme. C’est moins vrai aujourd’hui, mais toujours d’actualité. Et ce style de leadership frustre les hypersensibles, qui ont un besoin profond de sens et perçoivent facilement les incohérences d’un système dépassé.
Une implication ignorée, une frustration grandissante
Quand ses remarques sont ignorées, l’hypersensible en ressent une profonde frustration. Car ses suggestions, même régulières et constructives, n’entraînent aucun changement. C’est dire que l’hypersensible est investi dans son métier et très à l’écoute. Ainsi, il excelle pour identifier les rouages défectueux, les processus améliorables, les plaintes des clients et de ses collègues auxquels il est attentif.
En résumé, il capte les atouts, mais aussi les dysfonctionnements de l’entreprise. Problème : les salariés sont bien souvent des exécutants et leur voix n’est que rarement prise en compte. Deuxième écueil pour l’hypersensible qui voudrait sincèrement voir sa boite progresser.
Le besoin d’autonomie et de flexibilité au travail
Souvent perfectionnistes et autonomes, les hypersensibles ont besoin d’un espace de travail au sein duquel ils évoluent librement. Les horaires rigides, le manque de flexibilité, les deadlines imposées sans concertation et la surveillance constante (comme le micromanagement) les poussent à se sentir étouffés, sous pression.
De fait, en tant qu’hypersensible, vous recherchez les cadres professionnels où la confiance et la responsabilisation sont valorisées. Ce n’est qu’ainsi que vous pouvez vous sentir libre d’exprimer votre créativité et de donner le meilleur de vous-même. Vous ressentez le contrôle excessif ou les restrictions arbitraires comme une entrave à votre liberté. Et forcément, cela impacte négativement votre motivation et votre productivité.
Des codes professionnels guindés qui étouffent la spontanéité de l’hypersensible
Le monde professionnel impose souvent des rapports rigides et codifiés. Votre humeur doit être égale, votre langage maitrisé, votre présentation toujours impeccable. En entreprise comme dans tout groupe social, nous portons ce que Erving Goffman appelait un « masque social ».
En théorie, ce masque à une immense utilité : c’est une carapace qui, d’une certaine façon, nous protège. Il nous évite d’être perçues comme étranges et marginalisées, et d’intégrer le groupe social. Mais d’un autre côté, porter ce masque revient à jouer la comédie en permanence. Et c’est un fait, dès que nous poussons les portes d’une entreprise, nous signons un accord tacite : celui de s’effacer, de supprimer le « je » pour incarner l’image de la société.
Cette uniformisation est comme un bouclier : elle nous protège, mais c’est aussi un poids très pesant que nous devons porter au quotidien. Et pour les hypersensibles, c’est un fardeau particulièrement difficile à supporter. Le fait de devoir renoncer à leur précieuse singularité les prive de leur essence et avec le temps, de leur joie de vivre.
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Au travail, nous devons évidemment adopter un comportement professionnel, mais cela ne signifie pas sacrifier sa personnalité au passage. Je suis persuadée que l’épanouissement au travail passe par un subtil équilibre entre les impératifs de ma fonction et ma personnalité naturelle. Nous ne sommes pas des robots, n’essayons pas de l’être, valorisons plutôt ce qui nous rend humains. ☺️
L’hypersensible, victime des émotions ambiantes
Être hypersensible en milieu professionnel, c’est absorber, souvent malgré soi, les émotions de ceux qui nous entourent : collègues, supérieurs, clients, etc.
En un sens, c’est une vraie force qui vous permet de :
- anticiper certains évènements ;
- capter et vous adapter immédiatement à une atmosphère ;
- apporter des arguments pour répondre à une objection tacite.
Sur le papier, cette sensibilité et cette empathie extrême sont des dons utiles. Mais en réalité, au fil des heures qui défilent sur le cadran, la tension monte. Dans un environnement social complexe et riche comme un bureau, l’hypersensible absorbe toutes les vibrations. Ce qui peut le plonger dans un tunnel d’angoisse et de surmenage.
Si en début de journée, frais et reposé, il peut faire face, toutes ces énergies qui l’entourent — qu’il s’agisse d’enthousiasme, de stress, d’inquiétude ou d’euphorie — finissent par le submerger. Et en fin d’après-midi, cette tension accumulée le laisse épuisé et apathique.
Les open-spaces : l’enfer qui rend les hypersensible malheureux au travail
Depuis quelques dizaines d’années, les entreprises ont abandonnées les bureaux individuels. Elle ont décloisonnées leurs espaces de travail pour créer des plateaux ouverts, des espaces collectifs et collaboratifs. C’est ce qu’on appelle communément les « open-spaces », le cauchemar des hypersensibles en raison de :
- bruits de fond constant,
- la lumière artificielle ;
- conversations à voix haute ;
- interactions humaines trop fréquentes ;
- sonneries de téléphones intempestives ;
- odeurs partagées ;
- consignes de la direction jetés à la volée ;
- proximité physique et donc émotionnelle avec les collègues.
Or, l’hypersensible a un immense besoin de silence pour se ressourcer. Et dans un tel environnement, il se retrouve forcément épuisé et à bout de nerfs. Si pour certains, ces espaces partagés sont source d’émulation et d’une meilleure circulation de l’information il s’agit, pour le travailleur hypersensible, d’un véritable calvaire.
Trop stimulé, son cerveau déjà hyperactif n’arrive plus à faire le tri. Il perd ainsi en efficacité, en créativité et en clarté d’esprit. Il perd aussi sa vitalité, sa gaieté et sa propension à être présent pour les autres. En d’autres termes, l’open-space dissout le potentiel de l’hypersensible.
MON CONSEIL DE COACH ✨
Si vous êtes une hypersensible qui travaille au sein d’un open-space, je vous conseille d’aménager votre espace de travail comme un soutien quotidien. Pour commencer, veillez à le maintenir toujours propre et rangé, car un bureau désordonné participe à l’encombrement visuel et donc, à la surstimulation à laquelle vous êtes sensible.
Ensuite, usez et abusez des plantes ; elles ont le don de réchauffer et d’apaiser l’atmosphère. Enfin, ayez toujours des écouteurs à portée de main. En cas de surcharge émotionnelle, écoutez une musique qui vous fait du bien pour faire immédiatement redescendre la pression.
La difficulté à gérer les conflits
Les altercations et les tensions qui émergent parfois dans le cadre de travail sont particulièrement épuisantes pour les hypersensibles. Vous ressentez intensément les discordes et cherchez souvent à les éviter, parfois même à vos propres dépens. Cela peut vous mener à des situations où vous acceptez des compromis qui vous rendront pourtant malheureux sur le long terme.
L’absence de considération pour l’expression et la créativité individuelle
Dans beaucoup d’environnements professionnels, il y a peu de place pour l’individualité. Mais si vous êtes hypersensible, vous adorez sortir des clous et exprimer vos idées. Vous devrez donc réprimer votre créativité pour correspondre aux attentes de votre entreprise. Pourtant, les employés hypersensibles sont ultra créatifs et prolifiques.
Hélas, l’univers professionnel cloisonne énormément les services et les compétences, empêchant l’hypersensible, qui est souvent mulipotentiel, d’exprimer toute la palette de ses talents. Un sentiment de gâchis qui peut vous miner le moral et, à termes, vous pousser à quitter la société. En effet, l’hypersensible est un être curieux qui se lasse vite. Il devra fréquemment changer d’emploi pour ne pas s’ennuyer ou sentir que ses talents et compétences ne sont pas pleinement mis à profit.
Quand l’intelligence émotionnelle passe inaperçue
Les hypersensibles ont cette capacité à apporter une richesse émotionnelle dans leur travail. Hélas, cette dimension est rarement considérée, au profit des performances et des résultats concrets. Pourtant, votre empathie, votre écoute active et votre don pour créer une cohésion au sein des équipes sont des qualités essentielle. Elles instaurent un climat de travail agréable, propice à la productivité.
Le manque de reconnaissance de ces « soft skills » (ou compétences interpersonnelles) peut provoquer de la frustration et un sentiment de dévalorisation chez les personnes ultra-sensibles. Bien que ces qualités humaines soient précieuses, elles font rarement partie des compétences évaluées par les ressources humaines. Pourtant, il est aujourd’hui prouvé que l’intelligence émotionnelle contribue largement à l’efficacité et au rendement d’une entreprise.
De mon point de vue, ces qualités humaines devraient être reconnues au même titre que les compétences techniques, puisqu’elles participent à la réussite collective. D’ailleurs, la reconnaissance de ces soft skills est de plus en plus recherchée et valorisée dans le monde professionnel. Ce qui promet des jours meilleurs pour les hypersensibles en entreprise. ☺️
Le monde du travail rend les hypersensibles malheureux
Pression, rigidité hiérarchique, excès de stimuli, appauvrissement des tâches… Ce qui rends les hypersensibles malheureux au travail, ce n’est pas l’absence de compétences, d’implications ou de talents, bien au contraire. Le problème, c’est l’accumulation des contraintes qui étouffent l’initiative et la créativité. Le souci, c’est le peu de confiance et d’autonomie qui est octroyée aux salariés. Mais le principal obstacle à l’épanouissement des employés hypersensibles est, sans doute, la perte d’humanité dans le milieu professionnel. Quoi de plus difficile pour un hypersensible que de museler sa fantaisie, mettre à distance son empathie, ou oublier son sens de la justice et de l’équité ?
Mais que doit faire un hypersensible pour enfin s’épanouir au travail ? Je vous donne des pistes concrètes dans un article déjà consacré au sujet : 49 métiers pour les femmes hypersensibles. Heureusement le monde du travail évolue, notamment sous l’impulsion de la génération Y et Z. Pour eux, vie professionnelle et personnelle doivent s’accorder, prenant en compte les valeurs et le bien-être de chacun. Un changement qui laisse espérer de meilleures conditions de travail pour les hypersensibles.
Chères Filles Zen, qu’avez-vous pensé de cet article ? En tant qu’hypersensible, comment percevez-vous le monde du travail ? Quels seraient vos conseils pour les autres femmes ultra-sensibles qui chercher à s’épanouir professionnellement ? Partagez en commentaire !
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